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strangers in the night — richard

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Erebe Petrov
Erebe Petrov
MessageSujet: strangers in the night — richard   strangers in the night — richard GmNdxVI0_oVen 24 Jan 2020 - 15:41
strangers in the night

Richard & Erebe

Les lumières de la rue brillaient d'une lumière artificielle, tant que les yeux du Petrov se perdirent dans la contemplation du tableau qui se dépeignait devant lui. Une ville animée, peuplée, sombre, sur laquelle il voulait régner. Posté sur l’un des vastes balcons attenants à sa propriété, Erebe sentait le vent lui mordre la peau, le froid dévorant sa carne rougissante, alors même qu’il ne se trouvait qu’à quelques mètres du sol. D’un geste devenu mécanique, il porta un verre à ses lèvres, faisant se déverser une puissante vague d’alcool jusque dans ses entrailles. Une boisson de qualité, d’une valeur démesurée, qui lui réchauffait le gosier sans difficulté. S’apercevant alors du vide qu’il venait de créer, il soupira, s’apprêtant à pénétrer dans le bâtiment, dans l’unique but de se resservir une deuxième tournée. Mais il se figea, brusquement, à l’écoute d’un bruit qu’il reconnaîtrait aisément. Sa main se crispa sur son verre, qu’il manqua de lâcher, tandis que ses yeux s’écarquillèrent. Un transplanage. Baissant vivement la tête sur la rue qu’il surplombait, il plissa les yeux, presque obsédé par l’idée de trouver celui ou celle qui venait d’apparaître non loin. Sans plus attendre, il fit demi-tour, se contentant d’envoyer valser son verre sur la table cirée de ses appartements, avant de se précipiter vers les escaliers de marbre. Quelques marches plus tard et un étage en moins, Erebe fit irruption dans la rue qu’il observait il y a à peine quelques secondes. Tandis que certains le fixèrent étrangement, il n’y prêta pas attention, bien plus occupé à dévisager chacune des carcasses qui erraient dans les environs. Mais il ne vit rien, du moins, rien qui ne pouvait le satisfaire quant au son qu’il venait d’entendre. Bien que les sorciers n’étaient pas reconnaissables d’un simple coup d’œil, aucune silhouette ne lui semblait suspecte. Mais, s’accrochant à cet espoir, à cette lueur, il continua d'observer les environs, bien déterminé à tomber sur celui ou celle qui venait d’user de la magie.

Il remarqua alors une petite rue perpendiculaire, bien moins peuplée et beaucoup plus étroite que celle dont il provenait. Il s’y engouffra alors, sans attendre une seconde de plus, tombant nez à nez avec un homme qu’il n’avait jamais aperçu. Un brun à barbe, sans particularité aucune. Erebe se stoppa un instant, plissant les yeux, méfiant. Qui était-ce, et que venait-il faire là ? Mais plus encore, comment avait-il pu transplaner, sans la présence d’une once de magie ? Le Petrov vit rouge, désireux de comprendre pour quelle raison un inconnu pouvait bien le surpasser, lui. Comment un homme d’apparence si banale pouvait posséder quelque chose qu’il ne possédait plus. - Comment as-tu fait ? - Quelques mots qui semblèrent attirer l’attention de l’étranger, qui se retourna vers lui. Sans aucune patience, le Petrov fondit sur lui, répétant alors sa question d’une voix plus agressive. - Comment as-tu fait ?! - Erebe serait prêt à tout pour retrouver cette magie dont on l’avait privé. Et, quand bien même son interlocuteur disposerait de pouvoirs qu’il ne pouvait égaler, Erebe ne se démontrait pas. Jusqu’à ce qu’il aperçoive un autre être à l’arrière, bien plus petit et bien plus chétif, créature dissimulée en partie derrière son maître. Un Elfe de maison. - Oh, je vois. - Une mine dégoûtée vint se dépeindre sur son visage, tandis qu’un cruel mépris suintait de chacun de ses mots. Une créature magique, évidemment. Erebe aurait dû y penser bien avant de se précipiter de la sorte. Mais sa curiosité avait été piquée à vif, et sa frustration quant à la situation actuelle avait pris le dessus. Il n’avait pas pu s’en empêcher, intrigué. Ce fut alors une déception non dissimulée qui vint déformer ses traits, tandis qu’il regrettait déjà d’être descendu de ses appartements pour assister à ce spectacle dénué d’un quelconque intérêt.

Il soupira une nouvelle fois, avant de reculer d’un pas. - Qui êtes-vous, et que faites-vous ici ? - L’Ukrainien ne s’excusa pas pour son arrivée en furie, qui aurait pu être prise comme une agression. Il ne devait rien à un étranger, qui plus est accompagné d’un Elfe de maison qui semblait être bien trop à l’aise avec son maître. Ces créatures magiques ne méritaient que le dédain de la part des sorciers. Ces dernières ne sont d’ailleurs bonnes qu’à servir les rituels des Petrov, cet art qu’ils gardaient bien au chaud, et qui nécessitait la magie dont, apparemment, seules les créatures et les plantes étaient encore dotées. Raison pour laquelle il n’était plus question de les laisser vivre paisiblement. Il fallait les capturer et s’en servir pour la recherche, c’était un fait, une nécessité fondée sur la crise magique actuelle. Pourquoi donc ces créatures étaient-elles encore capables d’exercer et de produire la magie, alors même que les sorciers n’en étaient plus capables ? Le mystère restait bien trop épais, et cette injustice ne faisait qu’accentuer la rancœur que ressentait l’aîné des Petrov pour ces êtres. Détachant alors son regard de l’Elfe, le Petrov se reconcentra sur son interlocuteur. Ce dernier semblait être… différent. L’Ukrainien n’aurait su, à cet instant, expliquer la raison d’une telle réflexion qu’il se faisait à lui-même, et pourtant, il sentait quelque chose. Peut-être était-ce dans le comportement de l’inconnu, dans sa manière d’être, son attitude. Quoi qu’il en soit, quelque chose le chiffonnait. Peut-être était-ce simplement de la paranoïa, mais Erebe préférait être trop prudent, plutôt que pas assez. - Je ne crois pas vous avoir déjà vu dans les environs… - Non, s’il était un client ou un voisin, Erebe l’aurait reconnu de suite. Ce dernier ne connaissait peut-être pas chaque personne qui vivait dans le coin, mais il saurait reconnaître ceux qu’il avait l’habitude de côtoyer. Et cet homme n’en faisait certainement pas partie.

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Richard Alden
Richard Alden
MessageSujet: Re: strangers in the night — richard   strangers in the night — richard GmNdxVI0_oLun 23 Mar 2020 - 19:21
 
Strangers in the night.

         
Avec Erebe Petrov.
Vendredi 24 janvier, tôt dans la nuit.
Dans une rue de Providence.


Il suffisait d’un ordre, d’une injonction, d’un élan d’autorité pour que l’elfe de maison ne prononce plus le moindre mot et reste confinée dans l’armoire de sa chambre ; et ce, jusqu’à ce que le sorcier change d’avis, jusqu’à ce que cette – si peu familière, pourtant – boule dans sa gorge disparaisse. Désormais, leur conversation sur la sécurité de Richard, sur sa tendance à vouloir sortir seul tout en se jouant de son identité réelle, perdait tout son sens ; soudain, ce rêve étrange dans lequel il se sentait envahi par un vent glacial et traqué, menacé, par une, ou encore plusieurs, présences, ce rêve étrange commençait à lui échapper, à devenir brumeux dans son esprit, à se perdre dans l’effervescence présente.
Et pourtant, Merlin savait bien que Richard n’était pas un homme à perdre facilement son sang-froid et à se mettre en colère. Mais Woolly avait pris les devants, Woolly avait refusé de transplaner à Boston, et Woolly lui avait fait rater le début de sa conférence. Le vieux pendule de sa grand-mère avait résonné comme un couperet et allumé l’étincelle : l’elfe avait gagné. Dans ce froid glacial de janvier, il n’irait pas à la conférence de ce non-maj’ traitant d’un complot entre le gouvernement et les sorciers – il regrettait, il aurait aimé savoir ce que ces imbéciles savaient ou non des évènements d’Halloween.
Tant pis, sa décision était prise : il irait.

« Maintenant, Woolly, je ne veux plus entendre le moindre mot de ta part. Amène-moi immédiatement à Boston. »

Sa voix était plus dure que d’ordinaire et, si cela avait un jour eu une quelconque signification pour lui, les traits de son visage n’appelaient plus à la sympathie. Bien sûr, l’elfe de maison allait répliquer, puis elle se ravisa quand elle comprit que ses lèvres ne laisseraient pas échapper de son. En réaction, elle attrapa de façon un peu trop crispée le costume de son maître. Woolly n’avait vraiment pas l’habitude de recevoir des ordres. Richard n’avait pas vraiment l’habitude d’en donner.
Un crac ! plus tard, ils étaient effectivement passés de la chaleur confortable et enivrante de sa maison au choc glacial de l’hiver rude de l’année 1986. Richard réajusta son écharpe sur son nez et commença à sortir sa canne blanche et à la déplier. Il ne comptait pas perdre de temps. Mais déjà, la température ambiante avait largement calmé ses colères, et il respirait enfin plus calmement. Il n’appréciait pas plus le froid que cela, d’ordinaire ; mais là, il était le bienvenu.
Quand Richard se prépara à congédier Woolly, il l’entendit se râcler la gorge. Une, deux, puis trois fois. Un instant, le sorcier eut peur de comprendre. Son ton était plus doux que dix minutes plus tôt – mais pas pour autant bienveillant.

« Parle.
- Woolly n’a pas emmené le Maître dans l’impasse habituelle, et elle piallait précipitamment de sa voix aigüe pour être certaine de pouvoir tout dire avant qu’on lui coupe le sifflet. Woolly l’a emmené à l’autre bout de la ville. Le Maître était énervé, il n’a pas remarqué, ni demandé, mais la conférence a commencé depuis plus de trente minutes. Woolly ne veut pas que le Maître se promène seul dans les rues de Boston seul, en pleine nuit, avec des méchants non-maj’ autour. »

Un instant de silence. Richard comprit soudain qu’il n’entendait effectivement pas les habituels bruits de la ville qui battait de vie, même en plein hiver ; sous ses semelles, il ne sentait effectivement pas le revêtement abîmé par les nombreux passages, mais plutôt un bitume lisse, soigné, habituel des quartiers résidentiels.
Mais bon sang… ce que les accents triomphants de l’elfe de maison énervaient le sorcier, ce soir.

« Très bien. Ramène-moi à Providence, mais à quelques rues de la maison – si tu ne veux pas que je te punisse sévèrement, je te conseillerais de me laisser marcher un peu. »

Il était sérieux, également lorsqu’il nomma précisément le nom de l’impasse l’intéressant. Elle ne se permit pas une remarque supplémentaire. À nouveau, le craquement mais également une nausée qui ne se voulut pas si passagère : deux transplanages aussi rapprochés eurent raison, bien plus conséquemment, de son oreille interne et il posa le bras sur un mur attenant dans l’espoir que le sol arrête de danser.
Autour de lui, fini le quartier résidentiel, on était dans le centre de Providence, assez animé en discussions se répercutant sur les murs de la ruelle étroite ; mais elles étaient maigres, preuve manifeste du temps glacial. Bien plus qu’à Boston. L’écharpe sur son coup laissait désormais s’infiltrer le vent froid… peut-être rentreraient-ils tout de suite à la maison. Tant pis pour la promenade.
Il sentit la petite main frêle de Woolly, posée sur sa jambe, se crisper soudainement – accompagné d’un léger hoquet de surprise.

« Comment as-tu fait ? »

Un accent d’Europe de l’Est, de ceux que l’on entendait à la radio pour effrayer les ménagères et leurs marmots insupportables ; mais cette rhétorique n’atteignait pas le sorcier non-voyant, lui dont l’un de ses principaux amis étaient originaires de Russie. Et pourtant, des frissons coulèrent le long de son dos, à l’idée qu’un inconnu soviétique marchait droit vers lui.

« Comment as-tu fait ?! »

Près de sa baguette, cachée dans la doublure de sa veste, Richard sentit son cœur s’affoler, la peur saisir sans un cri ses entrailles et remonter le long de sa gorge, prenant bien soin d’avaler au passage tous les mots qui lui venaient. Face à ces accents tonitruants, sa propre colère lui paraissait bien dérisoire, et il se sentit imbécile à se retrouver interdit, à entendre la respiration folle et les pas décidés se rapprocher, encore, sans oser rien faire.
Alors, le non-voyant respira. Profondément. Rassembla son sang-froid. Sentit que la prise de son elfe de maison s’était soudain à nouveau raffermit, qu’elle commençait aussi à trembler de peur, à se coller derrière lui.

« Oh, je vois. »

L’individu se calma et du dégoût se mit à poindre dans sa voix. De la frustration. Des sentiments non pas moins dangereux, mais plus tangibles, plus compréhensibles – plus accessibles pour quelqu’un de conciliant comme Richard. La colère, aussi violente, aussi soudaine que celle qu’il avait manqué de se prendre, était un agresseur qu’il aurait dû subir sans possibilité de se défendre – il ne savait même pas qui était l’homme devant lui ! Il l’avait rendu interdit au milieu dans ses nausées ; il avait pris Woolly au dépourvu, la vieille elfe de maison qui avait déjà assez subi dans sa soirée, à tel point qu’elle n’avait pas immédiatement transplané pour les sortir de là.
Richard sentit l’hésitation de sa compagne et ne ressentit envers elle plus la moindre colère. C’était plutôt lui-même qu’il détestait, en cet instant, d’avoir été à l’origine de cet enchaînement d’évènements qui les aurait menés à la béatitude – et à leur perte.

« Qui êtes-vous, et que faites-vous ici ? », reprit l’inconnu, d’une voix un peu calmée.

Pour autant qu’on puisse croire qu’une voix aux accents soviétiques puissent paraître calme.
Ce soudain répit présenta une occasion rêvée pour Richard et Woolly de se ressaisir, et ni l’un, ni l’autre, ne la laissèrent s’échapper. Le sorcier non-voyant se tourna vers l’inconnu, vers le son de sa voix, et se plaça entre lui et son elfe de maison qu’il sentit prête à transplaner. Il l’arrêta d’une voix douce, prononcée dans son écharpe, dont il força l’assurance, la tête tournée vers elle, ignorant volontairement son « interlocuteur ».

« Attends. »

Elle attendit. Il reprit le contrôle de la situation. Qui qu’était cet homme, il aurait de toute façon la victoire des poings – mais Richard ne lui laisserait pas la victoire des mots.

« Je ne crois pas vous avoir déjà vu dans les environs…
- Je vous renverrai la politesse, bien évidemment », ironisa l’autre sorcier en baissant un peu son écharpe pour qu’on puisse mieux l’entendre.

Il ne comprenait pas ce qui n’allait pas avec cet homme. Pourquoi l’avait-il ainsi agressé ? Et qu’avait-il fait pour s’attirer de telles foudres ? Qu’avait-il vu pour que, simplement, il se calme ? Peut-être l’elfe, avec ses petits yeux fatigués par l’âge, comprenait-elle mieux ce qui traversait l’esprit dangereux de leur interlocuteur. Mais il ne fallait pas qu’elle parle. Qu’elle se fasse remarquer. Alors Richard devait y aller de front pour comprendre un peu plus – et tant mieux, il ne comptait plus se laisser marcher sur les pieds.

« Quant à savoir qui je suis, reprit-il assez fermement, je crois que la moindre des choses serait que vous vous présentiez le premier. Ce n’est pas moi qui me suis permis de débarquer comme un furieux en hurlant et en effrayant tout le monde dans la rue, à demander des choses – quoi, par ailleurs ? Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, Monsieur, vous m’avez fortement indisposé, j’ai un peu de mal à voir et même à comprendre ce que vous me voulez. »

Plutôt « nous voulez », se corrigea intérieurement Richard en sentant une deuxième main s’accrocher à son pantalon. Quelque chose le frappa soudain : son interlocuteur avait dû voir Woolly. Une Elfe de maison. Une créature magique. Et en sa qualité, un être qui aurait à jamais dû échapper à la vision de tous les Non-Maj’ – ce qu’avait de grandes chances d’être cet homme.
Et pourtant, le Soviétique n’avait pas eu peur.
©️️️️S a n i e


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Erebe Petrov
Erebe Petrov
MessageSujet: Re: strangers in the night — richard   strangers in the night — richard GmNdxVI0_oMar 28 Avr 2020 - 12:16
strangers in the night

Richard & Erebe

- Je vous renverrais la politesse, bien évidemment. - Décelant à demi l’ironie dans les mots de son interlocuteur, Erebe tiqua, supportant mal l’idée qu’un simple inconnu puisse ainsi se comporter avec lui. Inconnu ou pas, de toute façon, Erebe perdait bien souvent patience avec ceux qui lui répondaient avec insolence. L’habitude de devoir gérer des hommes et un établissement entier à ses ordres, ou bien profond défaut d’un mégalomane ? Probablement les deux, le Petrov n’était pas ce genre d’homme qu’il était aisé d’apprécier au premier abord. Et pourtant, l’Ukrainien pouvait avoir un réel sens de la conversation, tout comme il savait pertinemment se faire agréable et souriant. Mais avec ses proches seulement. Le reste du monde ne méritait que peu qu’il fasse des efforts. Peut-être cela lui desservirait-il un jour, et il ne pourrait s’en prendre qu’à lui. Mais le jour où il changerait du tout au tout n’était pas encore arrivé. - Quant à savoir qui je suis, je crois que la moindre des choses serait que vous vous présentiez le premier. Ce n’est pas moi qui me suis permis de débarquer comme un furieux en hurlant et en effrayant tout le monde dans la rue, à demander des choses – quoi, par ailleurs ? Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, Monsieur, vous m’avez fortement indisposé, j’ai un peu de mal à voir et même à comprendre ce que vous me voulez. - La mâchoire contractée, Erebe n’aimait guère le ton que son interlocuteur continuait d’employer à son égard, sa patience ayant des limites. Limites qui n’allaient pas tarder à être dépassées, d’ailleurs. Pouvait-il alors le tuer ? S’il agissait sans prévenir, il aurait l’avantage de la surprise. Du moins, c’était une possibilité, et une opportunité qu’il pouvait saisir dès à présent. Il jeta un œil alentours, constatant avec satisfaction que personne ne les observait, et par conséquent, que personne ne serait témoin du crime dont il allait bientôt se rendre coupable. Oui, le meurtre était radical, mais Erebe n’était pas le plus stable des sorciers, et de loin. Un assassinat en plus ou en moins, ce n’était là que son quotidien.

Mais, tandis qu’il s’était retourné vers sa cible, qu’il analysait pour trouver la faille lui permettant de faire mouche, il remarqua un autre détail, attirant fortement son attention. Outre cette maudite créature qui s’accrochait à lui, l’homme tenait une canne, d’un blanc immaculé. Le Petrov, dont les pulsions meurtrières commencèrent à refluer, fronça les sourcils. À quoi donc pouvait bien servir cet outil ? L’homme était-il donc estropié, ayant besoin de cette canne pour se mouvoir ? Ou bien, était-il non-voyant, d’où la présence plus qu’essentielle de cet objet ? Bien qu’Erebe n’avait pas la réponse à cette question, il ne tarderait pas à le savoir. Il serait sûrement simple de vérifier de telles hypothèses. Erebe croisa alors les bras, tentant d’appréhender la situation avec calme, si une telle chose était possible face à cet homme qui lui tapait grandement sur le système. - Il serait fort étrange que vous ne m’ayez jamais vu dans les environs… Je possède l’établissement que vous voyez à votre droite. - C’est d’ailleurs cette proximité qui lui avait permis d’entendre ce craquement si caractéristique qui l’avait mené jusqu’ici. - Je suis Erebe Petrov. - Il tendit sa main, s’apprêtant à vérifier ses doutes quant à l’infirmité visuelle de son interlocuteur. Si l’homme ne disposait plus de la vue, peut-être entendrait-il seulement le froissement des vêtements du Petrov, sans réellement deviner le geste effectué. Ou peut-être devinerait-il, auquel cas Erebe n’aurait pas confirmation quant aux doutes qui le turlupinaient. - Et vous êtes ? - L’Ukrainien inclina la tête sur le côté, curieux de connaître l’identité de celui qui se tenait devant lui. Serait-il un sorcier dont il connaissait le nom ? Ou un simple inconnu, sorcier parmi tant d’autres dans ce monde dénué d’une quelconque once de magie ? Et lui, connaîtrait-il son nom en retour ? Une sombre réputation précédait sa famille, mais il était possible que cet homme ne connaisse rien, maintenait que les Petrov étaient bien loin de leurs terres natales. Ou peut-être n’aurait-il jamais entendu ce nom, auquel cas Erebe pourrait se présenter de la manière qu’il voulait, quitte à mentir si cela pouvait servir ses intérêts.

Il finit alors par soupirer, reprenant la parole. - Quant à la raison pour laquelle je me suis précipité ici, c’est à cause de votre arrivée impromptue et bruyante, qui a su attirer mon attention en ces temps… troublés. - Il jeta un regard froid à l’Elfe de maison, avant de se reconcentrer sur l’homme. Il baissa la voix, de sorte à ce que seul son interlocuteur puisse l’entendre. On n’était, après tout, jamais trop prudent. - Toute manifestation de magie est, à l’heure actuelle, bien trop rare pour que je ne m’en m’étonne pas. Mais je comprends mieux, à la vue de votre… créature. - D’un ton ferme, il reprit. - Il m’aurait été plus qu’insupportable de constater qu’un de mes semblables puisse user de ce que j’ai cruellement perdu. Si je dois être dépossédé de ce qui fait de moi ce que je suis, personne ne devrait être en droit de retrouver de telles capacités. - Il haussa les épaules, souriant brièvement, se sentant presque stupide d’avoir pu croire qu’un sorcier pouvait posséder cette magie, dont le manque le faisait péniblement souffrir. - Enfin, le mystère est résolu, désormais. - Il n’y avait, finalement, rien d’intéressant à voir ici. Un simple sorcier usant de sa créature de compagnie pour se déplacer, rien d’autre à première vue. Glissant les mains dans les poches de son pantalon de costume, aussi sombre que la nuit, le Petrov ne s’était d’ailleurs pas excusé pour son agressivité brusque et la colère qu’il avait déversée sur l’homme à la canne. Erebe ne s’en sentait pas coupable, et ne ressentait aucunement le besoin de se justifier. - Mais peut-être me partagerez-vous la raison de votre présence ici ? Il n’est pas toujours sûr d’errer dans ces rues étriquées à une telle heure… - Surtout en l’absence de magie, voulut-il rajouter. Mais il se tût, laissant la fin de sa phrase en suspens. Aucune menace ne se cachait d’ailleurs derrière ces mots, une affirmation, tout au plus.

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MessageSujet: Re: strangers in the night — richard   strangers in the night — richard GmNdxVI0_o

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