Vous voilà donc en Nouvelle Angleterre sur le continent américain, au milieu des années 80. Mais tout a été bouleversé par la révélation de l'existence du monde magique et son anéantissement. Que cela implique-t-il dans la vie de tous les jours pour les êtres qui disposaient d'un don ? La réponse se trouve ici.

Depuis la révélation du secret magique, les sorciers et sorcières survivent avec le sentiment d'apparaître nus aux yeux du monde, la majorité se sent livrée à elle-même, démunie et seule. Personne ne viendra les sauver, aucune puissance ne peut leur venir en aide. Ils ont la conviction d'être les seuls à pouvoir contrecarrer les plans des non-maj' de l'Est pour faire disparaître le Voile.

En attendant de pouvoir trouver une solution, certains se sont mis en tête que lutter est la seule solution. Leur magie a disparu, mais pas celle des autres êtres vivants. Alors, les anciens porteurs de baguettes se servent de leurs dernières ressources pour trouver un plan, une porte de sortie... ou juste un espoir. Et cela passe par l'étude des plantes et des créatures magiques. Certains étudient de l'extérieur, sur le mode de vie, émettent des suppositions, tandis que d'autres vont plus loin, sacrifiant certains spécimens pour observer leurs constitutions internes et utiliser, comme ils peuvent, du matériel non-maj' pour approfondir leurs recherches.

D'autres ont baissé les bras au bout d'un moment, ou bien dès le début pour les plus défaitistes. La haine habite certaines âmes, qui refusent de quitter totalement leur vie et de se mêler aux non-maj', trop habitués à la loi rappaport, tandis que d'autres ont choisi de ne pas se laisser submerger par la colère ou le désespoir et ont décidé d'enfiler leur plus fidèle costume de non-maj'. Ils se fondent dans la masse pour ne pas être persécutés, se reconvertissent, s'habituent, apprennent à vivre comme ceux qui sont dépourvus d'un don quelconque. Qu'ils apprécient leur nouveau mode de vie ou non, ils se sont résignés à l'adopter définitivement, pendant que d'autres acquiescent le jour et résistent la nuit. Tous les anciens sorciers ont au moins ressenti une fois de la peur et/ou de la haine à l’égard des non-maj’.

La reconversion a pu être difficile pour certains. Quand un sorcier vient du Ministère et qu’il n’a jamais côtoyé le monde des non-maj’, il est bien évidemment difficile pour lui de s’intégrer à un tout nouveau mode de fonctionnement qui peut au premier abord sembler difficile car bien entendu, lorsque la magie n’est plus, toutes les tâches deviennent plus conséquentes, rébarbatives et surtout : d’une perte de temps incroyable. Alors, lorsque des Oubliators se retrouvent à devoir nettoyer la chaussée ou débarrasser les ordures par exemple, on peut s’imaginer que certaines personnalités sont tombées de haut.

L'argent magique a énormément perdu de sa valeur partout ; les sorciers désertant leur côté du monde, leur économie a brutalement chuté car beaucoup ne peuvent plus travailler sans magie. La conversion de dragots en dollars n'était avant pas possible à cause de la loi Rappaport mais dans les autres pays comme ceux d'Europe où les non-maj' et les sorciers pouvaient se côtoyer, le capital magique ne rapporte même plus la moitié de sa valeur lorsqu'il est échangé dans la monnaie ordinaire équivalente. Chaque représentant magique est donc en discussion avec les ministres des finances non magique de son pays depuis plusieurs mois afin de trouver une solution pour remédier à ce problème mais cela risque de prendre un bon moment. Actuellement la Présidente du Congrès Magique des USA travaille au corps le Président Reagan afin que les sorciers américains puissent bénéficier d'un changement de leur argent en dollar mais le dirigeant des États-Unis refuse pour l'instant d'endetter d'avantage son pays afin de pouvoir donner des fonds aux sorciers, considérant qu'il en fait déjà assez pour leur cause en les intégrant dans leur société. C'est pourquoi beaucoup de mages se sont mis à rechercher un travail parmi les non-maj' pour simplement pouvoir manger à leur faim ; les commerces sorciers acceptent d'ailleurs plus volontiers les dollars que les dragots pour ne pas mettre la clef sous la porte. Les autorités magiques ont intimé aux sorciers de préserver et protéger leurs finances en attendant qu'une solution soit trouvée mais les sorciers fortunés ont seulement pu s’en sortir en vendant leurs biens matériels quand ils en avaient, ils ont donc fortement régressé dans la hiérarchie sociale si leur métier d’origine ne trouvait pas d’équivalent. Ainsi, un enchanteur de métaux peut s’être reconverti en armurier ou en artisan forgeron, tandis qu’un médicomage peut avoir passé une équivalence pour devenir infirmier. Maintenant que les sorciers se sont greffés à la société non-maj’, pour ceux qui l'ont fait, ils dépendent des sans magie et peuvent seulement occuper des places vacantes. L’individualisme américain voudrait qu’ils ne puissent pas s’élever au même rang que les non-maj’, mais les sorciers ont plus d’un tour dans leur sac et se sont montrés largement capables d’égaler les sans magie, même si ces derniers rejettent leurs nouveaux semblables. Pour tenter de se préserver, de nombreux sorciers ont choisi de taire leurs conditions à leurs collègues et/ou chefs. Beaucoup de non-maj’ ont du mal à comprendre que les sorciers ne sont pas idiots et ils sentent qu’avec le temps et leur force de volonté, ils pourront s’élever dans la société. Cette pensée réveille l’insécurité de nombreux sans magie.

La culture voit les choses différemment. L’Histoire a pris un nouveau tournant, le monde s’est vu bouleversé par une réalité pourtant longtemps considérée comme une légende. La magie existe, les sorciers et les sorcières aussi. Depuis septembre 1984, les chercheurs et enseignants ont trouvé essentiel de raconter l’histoire de ceux qui vivaient parmi eux en secret depuis toujours. Avant la disposition du voile, il était difficile d'obtenir des témoignages de sorciers, ils se basaient alors sur les créatures magique qu'ils trouvaient sans difficulté, mais la donne a changée à partir de décembre et la disparition de la magie. Probablement car les sorciers voulaient laisser une trace de leur passé. Des manuels scolaires sont en cours de réédition et en attendant leur diffusion, les enseignants distribuent des articles de journaux ou des brochures explicatives à leurs élèves mais tous ne racontent pas la réalité pour autant. Dans les écoles privées, les faits sont relatés différemment (certaines étant plus orientées sur la religion, donc plus tranchantes quant à l'apparition des sorciers sous les yeux de monsieur tout-le-monde) que dans les écoles publiques. Dans certaines universités, des sections ont été ouvertes pour permettre une recherche et une étude plus approfondie du monde magique. Que ce soit en histoire ou en médecine, notamment en ce qui concerne la magie dans le corps humain, les recherches scientifiques sont, bien entendu, encore au stade embryonnaire.

Très rapidement, l’opinion publique s’est divisée. Entre ceux qui ne souhaitent être mêlés à aucune histoire, que ce soit du côté des non-maj' ou des sorciers mais aussi les sorciers qui craignent les non-maj’ ou les non-maj' qui craignent les sorciers. Enfin il y a ceux qui souhaitent une harmonie entre les deux mondes.

Il est impossible de faire la différence entre un non-maj’ et un sorcier. Après tout, ces derniers n’ont pas leur ancienne vie de tatouée sur le front. Alors, une ségrégation s’est naturellement installée, basée uniquement sur l’apparence. Les non-maj’ et sorciers se heurtent très souvent au délit de faciès. Par exemple, il arrive que des commerçants refusent de servir des personnes qu’ils jugent être des sorciers, même s'il peuvent se tromper, seule la carte d'identité pourra les faire changer d'avis. En effet, la révélation est encore trop récente pour avoir permis au gouvernement de prendre une décision quant à l’identité des anciens porteurs de baguette. Comme les immigrés non-maj', les sorciers qui souhaitent s'intégrer se retrouvent avec un simple document papier qui justifie leur identité, en attendant qu'une décision soit prise.

Des non-maj’ font pression pour que les sorciers se munissent de cartes d’identité spéciales ou de titres de séjour indiquant très clairement qu’ils ne faisaient pas partie de la société "normale" avant 1984. Le débat a souvent soulevé l’indignation des défenseurs des droits sorciers qui exigent d’avoir leur mot à dire, mais aussi de sorciers sous couvert d'anonymat ou avec des représentants qui ne craignent pas l'exposition. En attendant, une discrimination féroce demeure et pousse les sorciers à se sentir à l’écart de la population non-maj’.

Les associations aident au maximum les sorciers à prendre racine dans leur nouvelle vie. Malgré tout, elles tentent d'organiser régulièrement des réunions pour qu'ils puissent rester en contact entre eux, échanger sur leurs difficultés ou même parler avec nostalgie du passé. Certains sorciers hésitent parfois à s'y rendre, craignant la présence d'un mouchard qui dévoilera leur véritable condition à tous.